Parole de ludothécaire > la grande braderie des jeux
8 septembre 2014 § 1 commentaire
Je l’avoue, j’ai cru que la réforme scolaire nous permettrait enfin à nous, ludothécaires, de mettre en lumière notre noble profession.
Mirage… J’arrivai à l’école pendant la pause méridienne le cœur vaillant et la fleur au fusil, pour cette semaine de rentrée avec des jeux soigneusement sélectionnés bien sûr pour leur aspect ludique mais pas seulement. Un joli Blokus qui fait travailler les méninges, des mikados pour l’agilité, j’en passe et des meilleures. Je passe 45 mn pour mettre les jeux en situation. Arrivent les groupes, on les installe par terre et là je vois avec effroi qu’il me reste en tout et pour tout 30 mn pour expliquer 12 règles du jeu et lâcher les jeunes fauves aux tables en question. Me voilà donc contrainte d’abréger les consignes, avec pour résultat de dévaluer complètement les jeux, ce qui rend ces derniers évidemment beaucoup moins intéressants pour le joueur qui n’a pas pu en saisir toutes les subtilités. Quant à faire découvrir de nouveaux jeux, mieux vaut oublier. Trop long. Les petits joueurs papillonnent de table en table, renversent quelques pièces, me redemandent comment on joue. Je réponds au mieux aux demandes de chacun mais je sens bien que la concentration des enfants n’est pas au rendez-vous. Les animateurs m’aident du mieux qu’ils peuvent, la séance est éprouvante pour eux aussi. Ça sonne, seuls quelques enfants prennent le temps de ranger, les autres se précipitent devant leurs classes, prêts à enchaîner sur les cours de l’après-midi. Et me voilà repartie pour 1h de rangement, apportant un soin méticuleux au recomptage des pièces. Résultat des courses, beaucoup de préparation et de rangement pour peu d’animation effective. Je n’ai pour ainsi dire pas eu l’impression de participer à l’épanouissement personnel des enfants ou à leur éducation ludique. A l’image de la société d’aujourd’hui, le jeu doit aller vite et demeurer superficiel, quitte à rester au ras des pâquerettes…
Merci à Mélanie Rivière de Châteauneuf de Gadagne (ludothèque l’Animothèque) pour son témoignage.
Il faut se donner du temps, tu verras qu’au bout de plusieurs séances, les enfants se seront appropriés les jeux et vivront la séance de manière beaucoup plus sereine (et les encadrants aussi)